Une refonte totale
La reconstruction d’un cargo baltique classique
Rénovation structurelle
Après 85 ans de service et une dernière grande maintenance dans les années 80, la charpente d’Hawila est aujourd’hui reprise entièrement. Cette remise en état complète permettra au navire de naviguer de nouveau pour les 50 prochaines années.
Nouvelles carlingues centrales et latérales
L’assemblage tenant lieu de carlingue remonte à 1935, avec une extension du navire de 4 mètres en 1938 et des contre-carlingues supplémentaires au début des années 80. L’empilage résultant de morceaux courts, attaqués par la pourriture, a laissé la place, sur 18 mètres depuis la proue, à un assemblage renforcé de seulement 4 pièces, dont une carlingue centrale et deux carlingues latérales de 11 mètres.
Remplacement de tous les bordés
L’ensemble des bordés fatigués de 50mm sont remplacés par du chêne de 65mm, et des galbords de 85mm. Les bordés originels de 4 à 6m laissent la place à des bordés de 11m, voire 14m pour le galbord, renforçant considérablement la structure.
Lors du démantèlement, les gournables ont clairement montré leur supériorité, apparaissant solides et bien conservées, comparé aux fixations métalliques corrodées et entourées de pourriture. Les nouveaux bordés ont par conséquent été montés avec de nouveaux gournables.
Remplacement de 90% des allonges de membrure
Les membrures hautes jusqu’à la partie arrière du navire sont entièrement remplacées de la quille au pont, incluant les jambettes soutenant le pavois.
Les couples les plus bas sont inspectés et remplacés si nécessaire, tandis que 15 varangues ont été ajoutées pour renforcer les fonds, en particulier sous les pieds de mâts et aux cloisons étanches.


Nouveau vaigrage et serres-bauquières
Accéder aux membrures et jambettes de pont nécessitait de retirer le vaigrage et les serres-bauquières : une opportunité pour remplacer l’assemblage endommagé de différentes époques tenant lieu de serres-bauquières par des pièces épaisses jusqu’à 12 mètres de long. Le vaigrage et les serres de bouchain ont aussi vu leur épaisseur augmentée et les serres sont ralongés pour supporter davantage la voute.

Nouvelles ouvertures
La rénovation du pont est aussi l’opportunité d’en revoir le plan général, en ajoutant de nouvelles claire-voies et passages, et en déplaçant les existantes, pour offrir davantage de lumière et de ventilation dans les quartiers d’équipage.
Un nouveau design
Après avoir successivement servi de navire-cargo et de navire-école, le nouvel aménagement d’Hawila lui permet aujourd’hui de combiner ces deux missions.
Nouvel aménagement avec deux soutes à cargo convertibles
Afin de transporter du cargo et des passagers en conformité avec les réglementations maritimes modernes, une sérieuse révision de l’aménagement du navire s’impose.
L’aménagement des quartiers d’équipage sous la dunette, de la salle des machines et de la cambuse a été gardé tel quel pour l’instant, avec l’intention de revisiter ces parties dans une seconde phase de la rénovation.
Le reste du navire est maintenant divisé en compartiments étanches capables de maintenir le navire à pleine charge à flot si l’un d’entre eux est endommagé.
Quatre nouvelles cloisons étanches
L’étanchéité entre compartiments est assurée par des cloisons en bois, conçues pour résister à l’eau et au feu.
Le choix du bois comme matériau s’est imposé pour des raisons fonctionnelles : il permet de rigidifier le navire, tout en gardant la flexibilité nécessaire pour une harmonie avec le reste de la structure.
Les nouvelles cloisons augmentent la rigidité du navire, en repoussant la cambuse et le pont en position, empêchant ainsi leur affaissement dans le futur.

Plomberie et réservoirs
Pompes d’urgence, désalinisateur et circuit d’eau douce, toilettes… Toute la plomberie est à refaire, et les réservoirs actuels sont inspectés ou remplacés.

Électricité et machinerie
Réseau électrique, pack de batteries, générateur sur l’arbre d’hélice, moteur pour manœuvres au port et situations d’urgence, cette rénovation est aussi une occasion d’inspecter et repenser l’ensemble des systèmes à bord.

Notre bois
Planté il y a 200 ans spécialement pour la construction navale

L’origine de notre bois remonte à la bataille de Copenhague, en 1807
En 1807, redoutant que la vaste flotte danoise ne tombe entre les mains de Napoléon, la marine britannique opte pour une solution radicale : attaquer le Danemark pour contraindre le royaume à la reddition et capturer ainsi toute sa flotte.
Le pays subit alors le premier bombardement de l’Histoire orchestré à l’aide de fusées incendiaires lancées depuis des navires.
Pour reconstruire la flotte perdue, les forêts de chênes du royaume sont mises à contribution. Afin de replanter et préparer l’avenir, le roi Frederik VI ordonne en 1810 la plantation de milliers de chênes en préparation des besoins en charpente navale 200 ans plus tard.
Nous avons eu la chance de pouvoir acheter 15 de ces chênes multi-centenaires auprès de Naturstyrelsen, l’agence nationale administrant les forêts domaniales du pays. Ces arbres proviennent de la réserve naturelle de Gribskov, la 4ème plus grande forêt du Danemark.


Les forêts domaniales danoises,
des chênes plantés en 1810
Les forêts de chênes du Naturstyrelsen ont atteint maturité dans les années 2010, et seule une fraction de leur production de haute qualité est utilisée pour la construction navale, le reste approvisionnant l’industrie du mobilier et envoyé en Chine ou transformé en bois de chauffage.
C’est un privilège pour nous que de donner à ce bois la fonction pour laquelle il a été entretenu pendant deux siècles. Les grumes choisies pour la construction d’Hawila ont été spécialement sélectionnées pour les différents éléments du navire. Les arbres ont été prélevés ponctuellement, de manière à aérer la forêt, permettre le développement de jeunes pousses, et améliorer ainsi la capture de CO2. Cet abattage sélectif est la dernière intervention humaine avant la conversion de la forêt de Gribskov en une réserve naturelle.

La coque d’Hawila stocke l’équivalent de 160 tonnes de CO2 pour la vie du navire
La quantité de CO2 contenue par la coque d’Hawila est approximativement celle contenue dans 0.7 hectares de chêneraie de l’Etat danois. Dans ces forêts, les arbres ayant atteint maturité sont ponctuellement abattus et remplacés par de plus jeunes, pour une production d’environ 5.8m3 de bois par hectare par année. En théorie, la production de bois d’un seul hectare serait suffisante pour remplacer indéfiniment tout le bois d’Hawila, au fur et à mesure de sa dégradation.